Pourquoi attacher autant d’importance à la provenance d’une colonie d’abeilles ? L’abeille noire des Landes a évolué en symbiose totale avec son environnement depuis des millénaires. Progressivement domestiquée par des apiculteurs, elle a aussi conservé des caractéristiques naturelles qui lui sont propres . Parfaitement adaptée au climat océanique et au micro-climat landais, elle a en outre développé une capacité qui la rend unique.

Alors que toutes les autres reines de races différentes vont stopper leur ponte au mois de juillet, pressentant la fin des périodes de floraison, la reine des Landes va recommencer à pondre en août-septembre afin de préparer une nouvelle équipe de butineuses pour le début du mois d’octobre. Pourquoi ? Parce que les forêt des Landes disposent d’une ressource bien particulière : La Bruyère Callune. Cette plante tapisse le couvert des forêts. Des fleurs d’un rose violet délicat envahissent l’espace dès le mois d’octobre repoussant la monotonie de l’automne.

Il en résulte une manne incroyable d’un nectar riche, épais et fort que les abeilles ne vont surtout pas gâcher. Les hausses se remplissent à nouveau dans les Landes quand partout ailleurs les apiculteurs ont déjà préparé les ruches à l’hivernage. Une spécificité locale unique. Un trésor pour notre sous-bois qui bénéfice du seul pollinisateur se consacrant uniquement à cette plante à ce moment de l’année. Un sacré deal entre les abeilles et la forêt pour le plaisir de nos yeux et le bien être d’un milieu, rappelons le, fragilisé par une exploitation devenue trop intensive du bois de pin. Les systèmes racinaires de la bruyère callune apportent au sol sableux pauvre des Landes un dispositif efficace pour maintenir la vie, les micro-organismes et l’humidité.
Il est devenu primordial de limiter l’hybridation de l’abeille noire par des races étrangères et de constituer dans les Landes des zones préservées pour y laisser s’y développer en toute liberté la race séculaire d’abeilles noires des Landes.
L’hybridation n’est plus évitable, certains pensent qu’elle pourrait être profitable, mais comment le vérifier sans préserver une souche pure ? C’est une responsabilité qui nous incombe et qui n’est même plus discutable tant l’urgence se fait sentir.
Des conservatoires de races locales ont vu le jour ses 20 dernières années. Récemment celui du Pays Basques s’est implanté autour d’Itxassou grâce à un collectif d’apiculteurs très motivés.
Association de l’abeille noire du Pays Basque
Conférence sur l’abeille noire du Pays Basque par Mixel Setoain
Conservatoire de l’abeille noire des Cévennes. (Vidéo réalisée par Pollinis)
La fête de l’abeille noire en Lozère
L’appel du chercheur du CNRS Lionel Garnery en faveur d’une législation nationale pour permettre la sauvegarde des races locales d’abeilles noires.